INTERVIEW - BATIFRANC casse les codes et veut repenser les anciens abattoirs du Creusot via le Prix de la Friche

Bonjour M. Cusenier, pourriez-vous nous expliquer ce qui a motivé Batifranc à lancer le concours "Prix de la Friche" et à focaliser l'attention sur le site des anciens abattoirs du Creusot ?

Même si la notion de friche industrielle commence à redorer son blason dans le cadre de la raréfaction du foncier en France, il est toujours difficile de trouver un canal de communication efficace pour mettre en avant une construction ne permettant plus une exploitation immédiate ; ce phénomène étant amplifié par une implantation de la friche industrielle que nous possédons dans une zone géographique peu tendue et moins connue que certaines agglomérations ou certains axes plus « à la mode » : Le Creusot.
L’idée du prix de la Friche permet de mobiliser l’attention de tous sur le devenir, le futur, la seconde vie d’un site. Ceci nécessite une démarche positive mobilisant des moyens innovants (chien robot, drone avec scanner, film intérieur, agence de communication spécialisée en immobilier, etc.).

Le concours "Prix de la Friche" se distingue par ses différentes catégories, allant de l'architecture au numérique. Pourquoi avoir choisi cette approche multidimensionnelle pour imaginer la réhabilitation de la friche industrielle ?

L’approche architecturale est importante mais toutefois un peu restreinte dans la recherche d’idées disruptives ; en effet, elle sous-entend certaines compétences techniques spécifiques à la construction.
La volonté de partir d’une feuille blanche donne à chacun la possibilité de s’approprier l’espace, le lieu et éventuellement le bâti sans apriori. L’important, à ce stade, c’est l’idée exprimée pas le projet à venir.

Le site des anciens abattoirs du Creusot est riche en histoire. Comment pensez-vous que cette histoire peut influencer ou inspirer les projets proposés par les participants ?

Il est difficile d’imaginer une association entre l’ancienne activité de ce site et son devenir. L’actualité et la prise de conscience de la condition animale amènent, à mon avis, plutôt à tourner la page de l’histoire de ce site. Par opposition, certaines idées pourront peut-être émerger dans l’amélioration et la sauvegarde du monde du vivant.

Pour les entreprises ou collectivités qui souhaitent redonner vie à des friches industrielles, quelles sont les principales leçons que vous avez tirées de ce concours et que vous leur conseilleriez d'appliquer ?

Il est préférable d’attendre la fin du Concours de la Friche pour en tirer certains enseignements.
Toutefois, eu égard au coût que représente une friche industrielle (entretien, assurance, alarme, dépréciation bilancielle, impôts), la notion d’anticipation dans la gestion de bâtiments pouvant devenir des friches est une piste intéressante. Facile à dire…plus complexe dans la vraie vie…

Comment Batifranc voit-elle l'implication des jeunes et des créatifs dans des projets de réhabilitation urbaine, et quel rôle peuvent-ils jouer dans la transformation des espaces urbains abandonnés ?

Depuis toujours les sites abandonnés attirent les jeunes. Sources de peur et d’aventure pour certains, de découvertes (Urbex) et d’appropriation plus ou moins légales (Squat ou Z.A.T. zone autonomes temporaires) pour d’autres en allant jusqu’à l’appropriation culturelle avec les friches artistiques (La Belle de Mai à Marseille).

Comment envisagez-vous l'avenir de la friche du Creusot après ce concours ? Y a-t-il une possibilité que les idées proposées soient concrètement mises en œuvre, ou pensez-vous que ce concours pourrait inspirer d'autres initiatives similaires dans la région ?

J’envisage l’inenvisageable !
Mon parcours immobilier et bancaire a formaté ma façon de penser. J’aborde un projet immobilier avec des critères financiers s’inscrivant dans des cycles courts.
Je ne recherche pas de mise en œuvre immédiate pour ce site précisément. Bien au contraire, ce prix est censé permettre de regarder les friches avec un prisme différent et chaque site est unique car le lieu, la nature du bâti et son histoire nécessitent de repenser de façon distincte chaque bien.

Pour conclure, quel message souhaitez-vous adresser aux participants potentiels du concours "Prix de la Friche" qui hésitent encore à s'inscrire ?

N’hésitez pas !!! Participez !!
Il n’y a pas de bonne ou de mauvaise idée ; aucune compétence n’est requise pour ce concours.
Vous pouvez répondre en nous envoyant un texte, des photos argumentées, des vidéos, mais aussi des projets plus complexes pour celles et ceux qui évoluent déjà dans les domaines de l’architecture, de la construction.
L’important c’est de nous projeter dans un univers différent de notre réalité.



Photo : Hubert Cusenier DG BATIFRANC sur le site des anciens abattoirs du Creusot qui servent de support au Prix de la Friche

Pour en savoir plus ; https://www.batifranc.fr/